Quand la forme se fout du fond
La forme se fout du fond parce qu’elle en a marre des concepts et des prétentions à revendiquer un territoire inexploré de l’art afin que son découvreur en devienne le maître, le génie, l’inventeur. La forme en a assez de servir un fond prétentieux toujours prêt à mettre le grain de sel de ses mots. Mes formes elles, ont simplement envie de s’épanouir et de jouir du plaisir d’exister. Les surréalistes ont inventés l’écriture automatique et rendu exquis un grand nombre de cadavres. Moi, en tant que technicien de surface du sous-réalisme je pratique ici le dessin semi-automatique. Qu’est-ce ? C’est un dessin libéré par ses contraintes. Je prends un carnet de croquis format 13,5×21, trois feutres noirs, un gros, un moyen et un très fin et, sans idée préconçue, sans esquisse préalable, directement, je dessine entre cinq et six formes par feuille. Chaque dessin par sa composition et son équilibre existe par lui-même. Il ne doit pas être une évolution du précédant, ainsi, rompant la progression j’évite les répétitions et assouplis mon imaginaire de la forme. Ne pas enchainer mais déchainer les dessins pour aller plus loin. Grâce à quoi l’inconscient remonte à la surface les influences, les désirs, les obsessions et tout un tas de références qu’il ne m’appartient pas de rechercher ni d’analyser.
Débuté en 1991, interrompu en 1993 (1144 dessins) terminé par l’ajout 156 dessins en fin 2014 donne 1300 dessins rassemblé dans un livre non-édité pour le moment