« JUSQU’AU VIDE » (A), 1971-1972

Tout petit je fut confronté à un choix impossible puisque quelque soit celui que je ferai, je perdais obligatoirement. J’en conçus une certaine forme de claustrophobie, dès que je me mis à dessiner sérieusement je ressentis une pesante contrainte dans le rectangle de la page. J’en déduisis qu’on pouvait tout faire dans un rectangle sauf en sortir. Dès lors je voulu m’en échapper en allant « Jusqu’au vide ». Inconsciemment ce projet atténua ma claustrophobie primale. C’est pourquoi je pris un bloc de feuilles de bristol de 43x67cm (donné par un imprimeur), sur la première je traçais au tire-lignes 40 carrés de 5cm de côté et me mis à jouer de composition à l’intérieure de chacun d’eux avec 3 petits carrés noirs. Le noir représentait pour moi l’apparence que prend le vide lorsqu’il n’est pas éclairé, donc c’était déjà une ouverture. Sur la deuxième feuille le nombre de carrés augmentait puis par la suite certains carrés laissèrent place à de petites surfaces carrées puis rectangulaires découpés au stylet. Par des jeux de composition en grignotant mon carré originel, au bout de 17 planches et 680 carrés j’arrivais « jusqu’au vide », du moins je le croyais !